L'insolence a toujours un prix

It is mine to give to whom I will. Like my heart.

Ce matin un ciel gris surplombé Pyk. Un jour gris, maussade, triste. Amalya n’avait pas pu faire son tour matinale pour admirer le soleil levant sur l’océan. La jeune femme était donc restée allongé les yeux fixés sur le plafond de sa chambre, ses doigts fins courant le long de son ventre qui avait commencé à s’arrondir il y avaient plusieurs semaines. Ses pensées allaient et revenaient. Mais un nom revenait sans cesse Heijen. Depuis combien de temps n’était-il plus de ce monde ? Elle ne savait plus, elle ne voulait pas savoir. Savoir qu’elle n’allait plus jamais voir son visage, ses yeux, sa silhouette…la faisait suffisamment souffrir. Pourquoi il l’avait tué ? Pourquoi ne pas prendre l’enfant et le tuer à sa place ? Elle ne comprenait pas…ou peut-être ne voulait-elle pas comprendre. Elle n’était encore qu’une enfant au final. Elle était surement trop jeune pour comprendre tout ce qu’il s’était passé ces derniers mois.

Une douleur de dos la fit sentir lentement de sa torpeur. Elle se leva en grimaçant. Elle alla à sa fenêtre et regarda dehors. La mer venait s’écraser violemment contre la roche, le vent soufflait fort. On aurait dit une journée de tempête. Mais le ciel était trop clair, trop peu chargé en nuage. Le temps était à l’image de son humeur. Humeur grise, triste mais pas noir. Non, elle ne déprimait pas, elle était trop fière pour se laisser aller à ce genre de réaction. Effectivement elle souffrait de la mort d’Heijen mais quand elle l’avait appris, elle avait accusé le coup. Droite, fière. Pas une larme n’avait percé de ses yeux bleus. Elle avait refusé de se montrer faible, mais au fond d’elle, cela avait eu un effet dévastateur. Jamais elle n’avait eu aussi mal, même pas lors de la mort de sa mère plusieurs années auparavant. Pourtant, une fois seule, une fois à l’abri de tous les regards, elle n’avait pu retenir sa douleur, ses larmes. Même avec sa tante, elle tentait de les retenir, de ne pas céder malgré la tendresse de sa tante. Dans cette épreuve la jeune fille avait cru être seule, mais elle avait trouvé le réconfort auprès de sa tante.

Mais aujourd’hui, elle avait décidé de prendre sa journée en main. De ne pas se cacher derrière les murs de sa chambre, de ne pas avoir à subir les rappels de ce qu’elle avait fait. Elle alla prendre une robe ample pour cacher ses rondeurs et simple pour ne pas montrer qu’elle était Amalya Greyjoy pour ce qui ne la connaissait pas. Elle ne porterait aucune couleur aujourd’hui. Elle peigna ses longs cheveux blonds et les ramena en une longue natte. Elle prit une cape pour se protéger du froid et elle sortit de sa chambre. Elle avait décidé d’aller Lordsport. Elle sortit de la forteresse et alla à l’écurie. Elle prit son cheval et galopa jusqu’à sa destination. Elle rabattit sa cape sur sa tête pour cacher légèrement son visage.

Elle marcha le long du port regardant les marins déchargés leur cargaison, les capitaines criés des ordres. Parfois, elle se disait que vivre dans le petit peuple était plus confortable. Pas d’obligation, pas de nom à honorer, pas de famille à ne pas trahir. Si elle n’avait pas été une Greyjoy, elle n’aurait pas eu de problème. Mais elle était la fille du seigneur des Iles de Fer. C’était trop tard pour se dire qu’elle aurait pu dire non à un moment donné. Mais avec des si, on pourrait refaire le monde. Aujourd’hui elle voulait passer une journée incognito. Loin des regards accusateurs de sa sœur, loin du regard déçu de son père. Il n’y avait que sa tante qui était là pour elle. Alors aujourd’hui elle voulait savoir comment se passait une journée parmi le peuple.

Elle marchait regardant à droite à gauche, ses yeux bleus balayant les bâtissent, les bateaux. Elle ne regardait pas spécialement où elle allait. Elle percuta un homme de forte carrure, un matelot se dirigeant vers une brasserie. Elle se retint de lancer une réplique cinglante pour remettre l’homme à sa place, mais elle ne voulait pas qu’on la reconnaisse. Malheureusement la chance n’était toujours pas revenue. Sa cape glissa dévoilant son visage aux yeux de tous. L’homme qui s’apprêtait à s’excuser, se mit à sourire de façon inquiétante.
« Tiens tiens…la putain des Greyjoy est de sortie ! »

Il avait crié cette phrase. Amalya serra ses points. Elle se redressa, d’autres roturiers la regardèrent en chuchotant. Elle faisait phase à l’homme qui venait de l’insulter. Elle ne supportait pas ces insultes, effectivement elle avait fait une erreur, elle avait trahis la confiance de son père et salit le nom de sa famille, mais elle ne supportait pas qu’on lui manque de respect ainsi.
« Reste à ta place matelot ! »

Elle essaya de se montrer la plus autoritaire possible, mais il éclata d’un rire grave et guttural. Amalya n’aimait pas ça. Elle était sortie de la forteresse seule, sans garde. Son cheval était à environ cinquante mètre et n’obéissait pas à la voix de la jeune fille. Il lui répondit comme la première fois :
« Sinon quoi ? Qui voudrait obéir à une putain ? »

Elle déglutit difficilement. Elle n’allait pas réussir à se débarrasser de ce matelot. Pourtant elle ne montra sa peur à l’homme. Elle n’allait pas lui faire ce plaisir.

FICHE ET CODES PAR RIVENDELL